Je me dpche, j’ ai horreur d’ arriver la dernire minute. Je n’aime pas me précipiter, comme tout le monde, juste avant le départ, et être obligée de traverser trois voitures avant de trouver ma place, alors que le départ a déjà été donné. D’ habitude, j’ arrive au moins une demi- avance,heure l’ de manire tre dans les premiers au moment de l’ affichage de la voie, mais aujourd’ hui, la voie est dj marque quand j’ arrive sous le panneau. Je remonte le train sur presque toute sa longueur, (comme par hasard, ma place se situe dans le wagon de tte), et j’ arrive mon emplacement réservé. Nous ne sommes que trois ou quatre pour le moment dans le wagon. Tant mieux, je vais pouvoir me livrer mon passe temps favori. Je m’ installe, pose mes affaires à côté de moi et commence à fouiller dans mon sac. Jel’ ai chapp belle! Un peu plus, je ne pouvais pas donner libre court à mon imagination. J’ ai l’ habitude d’ avoir toujours sur moi de quoi crire, savoir du papier et un stylo. Mais ce matin, j’ ai eu besoin de noter quelque chose et j’ ai pris le 1er qui me tombait sous la stylo main, c'est-à-dire celui de mon sac. Et naturellement, au moment de partir, j’ ai oubli de le remettre en place. Heureusement, je viens de retrouver, dans le fond d’une petite poche, un vieux crayon de bois pas très bien taill, mais qui fera parfaitement l’ affaire pour le moment.Parce que mon passe- c’ est durant les voyages,temps prfr, de noter tout ce qui me passe par la tête, et notamment sur les gens qui voya crire ce aime J’gent en mme temps que moi.
qu’ ils m’ inspirent, les histoires que je leur invente, tout ce que je peux imaginer propos d’ eux.Je suis dans le train. TGV direction Lyon. Autour de moi, tout le monde s’ affaire avant le dpart.De l’ autre ct de l’ alle, un jeune couple vient de s’ installer. Etrange petit couple. Pas grand ni l’ un ni l’ autre, lui maigre, presque malingre, le teint pâle, mal rasé, les yeux un peu exorbités, et elle, pas plus grande mais presque aussi large que haute. Je reg pour m’ assurer que jearde discrtement de biais, ne vois pas mal, mais non. De toute vidence, elle n’ a mme pas l’ excuse d’ tre enceinte. Rien ne dpasse plus un endroit qu’ un autre, elle dborde de partout. L’ espace d’ un instant, je me prends les au lit. Dans imaginer l’ intimit, il doit avoir l’ impression de jouer chat perch…!! Ça doit tre curieux comme sensation… .Je suis assise contre la fenêtre, dans le sens de la marche. Je n’ aime pas tre dans l’ autre sens. Pas que cela me rende malade, mais j’ aime bien voir ce qui est devant moi plutôt que ce qui est déjà passé. A ct de moi vient de s’ asseoir une femme d’ un certain ge qui a déjà étalé devant elle ses mots croisés, son crochet, ses lunettes, eauune bouteille d’ et un paquet de gteaux. Elle au moins ne risque pas de manquer de quoi que ce soit. Quelle prévoyance ! Juste avant elle tait venu s’ installer mon voisin d’ en face, et c’ est cause de lui que j’ ai sorti mon papier et mon crayon. Il m’ inspire. Je ne sais pas encore exactement pourquoi, mais je le trouve intéressant. Il a le regard un peu sombre et profond de quelqu’ un qui a des choses cacher. Je ne prtends pas que je pourrai lui faire avouer quoique ce soit durant le voyage, mais on ne sait jamais. Je me suis mise à écrire, j’ ai envie de coucher sur le papier les impressions qu’ il me donne. On verra bien.Juste avant le dpart, au moment de la sonnerie, l’ homme du siège voisin du sien est arrivé.
L’Epistolière, nouvelle 5
2
Essouffl, dgarni, le teint un peu rouge de quelqu’ un qui a tout tenté pour ne pas rater son train, laiss lourdement estil s’ tomber sur le siège. Pas de bagage, juste un attaché-case qu’ il a pos sur la tablette centrale. Mon voisin d’ en face, lui, a une valise qu’ il a hisse sur le support au dessus de sa place et d’ o, avantde la placer, il avait retir une revue d’ informations gnrales et financires en anglais. Dois- ouje en conclure qu’ il ne parle pas franais, est-ce juste pour « se la jouer » ? Il regarde dehors, par la fenêtre. Le train roule déjà en dehors de Paris mon crayon reste mais. Et moi, j’ cris, du moins j’ essaye, souvent en suspens au dessus de ma feuille, et je sens que cela l’ intrigue.Le plus discrètement possible, mais est-ce possible quand on est face à face dans un train,je l’ observe la drobe etje sais qu’ il en fait autant. Il détourne les yeux quand mon regard se pose sur lui, et je fais de même de mon côté. J’ aidpli la tablette pour poser quelques affaires mais j’ cris sur mes genoux. ne peux pas voirA cause du peu d’ je espace, ses pieds,mais j’ en sens un pos juste ct du mien. J’ ai les jambes croisées, et je me rends soudain compte que mon pied ballant touche du tissu. Je bouge un peu, fais semblant de chercher quelque chose que j’ aurais pos ct de moi sur le siège, entre ma voisine crocheteuse et moi, et je peux comme ça voir que c’ est sa jambe de pantalon que je touche. En fait, mes jambes sont entre les siennes, ou plutôt, comme il est arrivé après moi, il a positionné ses jambes autour des miennes. Je griffonne sur mon bloc, quelques dessins géométriques, des rayures, rien enfait. Je n’ ai pas envie de me concentrer sur quelque chose d’ autre que mon vis-à-vis. Il parait avoir une trentaine d’ annes, brun, les cheveux assez courts, les yeux marron, le visage plutôt fin, les lèvres pulpeuses. Il a un tic qui consiste à cligner des yeux très fréquemment. La lumire peut tre…
L’Epistolière, nouvelle 5
3
A son tour il se redresse sur son siège. Je ne bouge pas. Je le sens qui resserre ses jambes. Son pied gauche colle le mien et s’ y appuie mme un peu et sajambe droite touche la mienne. Ses genoux se resserrent autour des miens. Je ne sais pas quoi faire, et encore moins quoi penser. Je ne veux pas lever les yeux sur lui, je suis presque gênée, je me dis que je vais devoir bouger, rabattre mes pieds, les mettre sous mon siège. Je ne veux pas qu’ il s’ imagine quoi que ce soit ou qu’ il me prenne pour ce que je ne suis pas. Mais je ne fais rien de tout ça, au contraire. Une force me fait appuyer à mon tour mon pied contre le sien, mes jambes contre les siennes, et je lève les yeux sur lui, lentement. Mon regard sur son polo.s’ arrte Sa carrure est large et on devine ses muscles sous le tissu. Je sens plus que je n’ ai vu qu’ il porte un jean. Mes yeux remontent sur son cou, son menton parfaitement rasé, sa bouche. Il a les lèvres entrouvertes et esquisse un sourire, m’ invitantà continuer mon ascension, ce que je fais. Je croise son regard. J’ y reste accroche, commesi cette fois nous faisions un concours celui qui ferait cder l’ autre. Il a gard son esquisse de sourire, qui se transforme en sourire franc quand il parvient à me faire lâcher la première. Je retourne immédiatement dans ses yeux, son visage s’ est adouci mais son regard est plus intense. Je le sens qui descend sur mon visage, puis continue. Instinctivement, je respire en gonflant la poitrine. Cela le fait de nouveau sourire. D’ ct de lui, il sort un petit sac en plastique auquel je n’ avais pas prêté attention quand il est arrivé. Sans me quitter des yeux, il le pose devant lui et y glisse la main. Ilen sort un abricot, qu’ il sépare en deux. Il ôte le noyau et porte un des morceaux à sa bouche. Mais au lieu de le croquer franchement, il s’ y prend lentement, ouvre doucement la bouche, me montre ses dents avant de les enfoncer dans le fruit, referme les lèvres par-dessus
L’Epistolière, nouvelle 5
4
en les projetant vers l’avant, et fai le embrassert mine d’ morceau avant de le manger d’un air gourmand. Il fait la mme chose avec la seconde moiti de l’ abricot, en insistant encore plus sur chaque mouvement, plongeant son regard à chaque fois un peu plus profondément dans le mien et augmentant la pression sur mes jambes. Je vois sa main replonger ce que j’ imagine tre saisirdans le sac, un autre fruit, puis se raviser air un me tend le sac d’. Il interrogateur en tournantl’ ouverture vers moi. Je plonge à mon tour la main dans le sac, et la première chose que je rencontre est une banane. Je souris d’ un air entendu. Je n’ aime pas particulièrement les bananes, mais dans la situation présente, c’ est effectivement le fruit idal, etje le souponne d’ avoir fait en sorte qu’ il se retrouve sur le dessus.Je sors donc ma banane, tandis que mon complice reprend le sac et en sort un second abricot auquel il fait subir le même sort qu’ au premier.Pendant ce temps, je décided’ entamerma banane à ma façon. Je le regarde mon tour avec beaucoup d’insistance et commence à enlever la peau de mon fruit, pan par pan, en tirant trs lentement sur chaque. Quand l’ extrmit est compltement libérée, je la mets dans ma bouche, les lèvres entourant bien la chair jaune pâle. enfonce un peu puis le retire presque enJe l’ entier. Mon voisin d’ en face a les yeux qui s’ arrondissent. Peut-être imaginait-il que je refuserais le cadeau ou que je me contenterais de le garder pour plus tard. Mais après la scène qu’ il vient de me mimer, je ne veux pas tre en reste. Aprs plusieurs aller-retour de l’ extrmit du fruit dans ma bouche, je me décide à montrer les dents, mais sans croquer, juste pour racler un peu la pulpe. Moi aussi je sais manger en donnant envied’ autre chose. . .!! Je finis par mordre l’ extrmit de la banane, et je vois sur le visage de mon voisin comme une grimace qui me fait presque clater de rire. Il semblerait qu’ il s’ identifie beaucoup au fruit qu’ il m’ a offert.
L’Epistolière, nouvelle 5
5
Je continue à manger ma banane, par petits morceaux, sans le quitter des yeux, et toujours sur le même mode abord avec: d’ les lèvres, par allers et retours successifs dans ma bouche, puis en sortant les dents, et enfin en mordant. Je vois son visage exprimer tout une palette d’ motions et d’ envies qui passent.Enfin je termine ma dégustation et tiens la peau un peu en hauteur, par la queue, d’ un il interrogateur. Il sourit et je jette mon trophée dans la poubelle située sous la tablette. Je me remets bien confortablement dans le fond de mon fauteuil et je scrute mon vis-à-vis qui ne m’ a pas lch une minute des yeux. Faisant mine d’ avoir trop chaud, pour ne pas affoler nos voisins, je bouge et en profite pour dégrafer les boutons du haut de mon gilet. Au passage, le plus discr j’ en retiretement possible, également un de mon chemisier. Mon vis-à-vis penche légèrement la tête de côté et prend un air déçu qui manque de me faire de nouveau éclater de rire. Je fais signe : « accord. .bon, d’!! ouvre un nouveau et j’ bouton. Cette fois, il doit apercevoir le centre de mon soutient gorge, et ce qu’ il voit semble lui plaire. J’ ai de la dentelle sur et entre les seins, et un petit nud fantaisie d’ une couleur contrastée. Ses jambes se resserrent presque immédiatement autour des miennes. Je suis immobilisée, mais peu de temps. Je sens un de ses pieds se glisser entre les miens, et je ralise qu’ il a enlev ses chaussures. Je le sens qui remonte lentement entre les jambes. Son pied remonte entre mes jambes et son regard se fait de plus en plus insistant. Je sens que je rougis légèrement malgré moi.
L’Epistolière, nouvelle 5
6
J’ ai l’ impression soudaine qu’ il fait trs chaud et que j’ touffe. Je voudrais ouvrir un peu plus mes vtements, mais vu l’endroit où nous sommes, c’ vis Mon impossible. est-à-vis semble avoir deviné et cela le fait sourire. Il passe sa main sur son front et j’ aperois quelques gouttes de sueur qui perlent. C’est à mon tour de sourire. Mais malgr l’ inconfort vident de la situation, l’envie augmenteencore d’un cran et son pied se glisse sous ma jupe. Instinctivement, j’ carte un peu les jambes.Je ne sais pas s’ il est coutumier des caresses TGViennes, mais il semble savoir exactement o il va et s’ y dirige franchement. Son pied se colle contre ma culotte. Bien que je m’ attendais et que j’ aspirais cette sensation, je sursaute légèrement au moment du contact. Comme nos regards sont toujours noys l’ un dans l’ autre, je vois le sien qui pétille. Je le regarde d’ un air de dfi, gigote lgrement sur mon sige pour me mettre dans une position un peu plus favorable, le bassin en avant, gonfle ma poitrine qui voudrait s’ chapper totalement de mon soutient gorge et entrouvre les lèvres pour laisser échapper un soupir silencieux.Puis me laisse faire…Son pied appui légèrement, et soudain avec plus de force, entre mes cuisses. Ses orteils jouent sur le satin comme sur une guitare, à la recherche du point le plus sensible. Par le regard, je lui indique s’ il chauffe ou pas. Le jeu semble l’ amuser et surtout l’ exciter.Je décide de ne pas le laisser seul à jouer. Je me repositionne de nouveau sur mon siège. Cette fois, je me mets très légèrement dos à ma voisine, qui tricote tranquillement en mangeant des gâteaux et je replis mon genoux en l’ cartant. Cela me libre un piedet laisse de la place pour mon vis-à-vis qui en profite aussitôt avec un sourire en coin. Je suis surprise de ne pas prouver de gne l’ ide que ma voisine, ou son voisin, s’ aperoive de ce que nous faisons. D’ ailleurs je pense qu’ ils s’ en moquent bien. Ma tricoteuse
L’Epistolière, nouvelle 5
7
commence à piquer du nez sur son ouvrage etl’ homme en face d’ elle ronfle depuis au moins dix minutes.J’ en suis l de mes observations quand soudain le pied de mon vis-à-vis trouve sa cible. chaleur m’ envahitEn plein dessus. Une sans crier gare et ma respiration devient hachée. En face de moi, je vois un sourire à peine dissimulé. Je sens les battements de mon cur qui s’ acclrent, je me tortille discrètement sur mon siège pour mieux profiter de ses caresses et d’ un coup je suis envahie par le plaisir. Je me mords la lèvre pour ne pas crier. Mon partenaire est ravi. Je ferme un instant les yeux. Quand je les ouvre, le contrôleur est à notre hauteur, ma voisine ouvre un il, son voisin d’ en face a pris la prcaution de poser son billet sur la tablette pour ne pas être réveillé. Je me trmousse pour faire celle qui merge d’ un profond sommeil, fouille dans mon sac pour en sortir mon billet et le tend à l’ homme la casquette qui visiblement ne s’ est pas aperu que mon chemisier est un peu trop ouvert. Mon vis-à-vis tend son billet à son tour, demande quelque chose au contrleur propos d’ une correspondance, puis tente de se lever sans trop déranger son voisin qui bouge pour le laisser passer sans ouvrir franchement les yeux. Je le regarde récupérer sa valise sur le porte bagage en hauteur et se diriger vers le wagon restaurant sans même se retourner. Je reste là, indécise, un peu hébétée, ne sachant trop quoi faire. Dix minutes plus tard, le train marque son premier arrêt et par la fentre, j’ aperois mon compagnon de voyage. Il est sur le quai et de toute évidence il cherche à distinguer un endroit précis du train à travers les vitres épaisses. Il me voit, s’ approche un peu, me regarde.Puis m’ adresse un clin d’ il et se dirige vers la sortie.